Le design en permaculture et l’effet miroir

Photo par Noah Buscher sur Unsplash
Photo par Noah Buscher sur Unsplash
3 juin 2021

Écrit par Luiza Oliveira et Reflété par Lucía Requejo

 

Le design en permaculture est un processus continu, plutôt qu’un produit. Le design en permaculture est le développement holistique de systèmes entiers qui, à chaque fois, vont voir leurs éléments se connecter plus synergiquement et, ensemble, vont rendre possible l’émergence d’un système plus régénératif, plutôt qu’une technique de jardinage.

Le design en permaculture nous amène à comprendre que nous sommes la nature, que nous faisons partie de cette nature intelligente et que nous pouvons restaurer notre nature régénérative, même lorsqu’on pense qu’on l’a oubliée, pour la mettre en pratique dans tous les domaines de notre vie.

 

Mais, par où commencer?

Le développement du design en permaculture n’a pas une façon juste de commencer, ni une formule magique pour toutes les situations, mais l’équilibre entre observation et intervention est clé de voûte pour comprendre et apprendre comment avancer dans votre contexte et projet. 

De mon côté, je dois dire que c’est ça que j’apprécie beaucoup dans cette méthodologie: l’apprentissage continu qui va nous aider à développer des niveaux plus profonds d’écoute active, l’audace d’intervenir et d’écouter les réponses, et même dans un context connu, on va apprendre à découvrir de nouveaux éléments et dynamiques, de façon permanente.

Pour initier un design en perma, il est possible de commencer de plusieurs façons. On peut commencer par la détermination des étapes de GOBRADIMET, avec la fleur de la perma et/ou l’échelle de la permanence, par exemple. Mais quel que soit l’endroit par où on commence, l’élément le plus important, c’est la capacité d’intégrer à chaque étape les démarches éthiques et les principes dans les situations quotidiennes ainsi que  dans nos projets. 

Cet exercice d’écoute active, d’observation-intégration-adaptation vers l’interne et l’externe va rendre visible l’effet miroir entre l’intérieur et l’extérieur, que je vois que plus on comprend la nature à l’extérieur de nous, plus on comprend la nature à l’intérieur de nous, et vice versa.

Comment ? Je vous tends quelques exemples:


Observation du sauvage :

L’observation du sauvage autour de nous, comme par exemple, apprendre à reconnaître les plantes sauvages de la région, leurs caractéristiques, leurs mécanismes de défense, leurs vertus. Cette compréhension peut nous rendre plus bienveillant.e.s et conscientes de l’intelligence de la nature dont on fait partie. Cette compréhension peut amener un sentiment profonde de gratitude envers les plantes et les autres animaux autour de nous, et sortir de ce rapport utilitaire et de l’objectification de la nature.

Pour moi, cette étape m’a stimulé à aller puiser en moi-même mon intelligence sauvage et à me retrouver en tant qu’élément super connecté à un système résilient et régénératif lorsque on fait attention.

Cette re-connexion entre l’intelligence sauvage de l’intérieur et celle de l’extérieur permet de dépasser le paradigme d’une culture individualiste, de séparation et de sacrifice. Se reconnecter avec la nature sauvage au sein de nous-mêmes et en dehors peut nous permettre de comprendre que notre santé individuelle est dépendante de la santé de l’environnement et collective. Cette observation peut rendre visible que dans un système résilient, la biodiversité synergique et  bienveillante est une partie importante pour maintenir la bonne santé de ce système, où on apprendre à prendre soin des chaque partie ET du système au même temps. 

Et voilà l’effet miroir: plus on apprend à prendre soin de chaque élément d’un système, plus on apprend à prendre soin de nous et autour, simultanément dans notre interdépendance et reliance.

 

Développement de l’écoute :

Plus on apprend à observer autour et en nous-mêmes, plus on apprend à nommer les nuances des nos observations, des nos ressentis, des nos besoins, par exemple. La compréhension de la complexité d’un système nous rendre à chaque fois plus capable à agir et interagir avec ce système et ces éléments.

Graduellement, on comprend qu’accueillir la complexité nous permet de développer une écoute plus présente et plus précise, et ça nous rend possible de nous adapter de façon plus bienveillante et permanente.

Dans cette étape, pour moi, l’effet miroir réside dans la capacité d’écouter la complexité autour et en nous. Plus on arrive à les exprimer, plus on arrive à préciser et à comprendre les variantes entre ces mondes-là. 

Pour moi, le développement de l’écoute m’a permis d’être plus attentive à ce qui se trouve entre les lignes dans mon entourage et à les nommer pour apprendre à être plus précise. Envers moi-même, cette écoute m’a permis de cultiver plus de patience et d’empathie intime dans mon processus, par exemple.

 

Comprehension des cycles :

Avec le développement de cette écoute active vers l’intérieur et l’extérieur de nous, on commence à mieux comprendre les rythmes de saisons, les cycles dans les cycles, ses particularités et ses vertus.

Toutes les cycles sont passagers et rythmiques, et comprendre où l’on est au sein d’un processus nous permet d’observer que nous sommes également des éléments appartenant à plusieurs systèmes. Cette observation peut nous permettre de savoir quand il convient de diriger nos énergies sur les fonctions vitales lors d’une phase de chaos et quand il convient d’investir dans  la réorganisation d’un nouveau système, par exemple. La théorie sur le cycle d’adaptation est un modèle très intéressant qui représente le mouvement des ces cycles-là (Croissance ou exploitation, conservation, effondrement ou libération, et reorganization). À bientôt je vais publier un text sur cette théorie parce qu’elle est assez interessante!

Cette compréhension des cycles nous permet d’être plus présent.e.s et capable.s de nous s’adapter et de nous transformer, et par là d’avoir une approche plus résilient.e. et plus régénérative envers nous-même et envers ce qui nous entoure.

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Ainsi, plus on pratique les démarches éthiques et les principes de la perma, plus ces dynamiques deviennent plus évidentes et plus interconnectées de façon synergique. Plus on apprécie la complexité des systèmes et on se sent plus à l’aise pour intervenir de façon plus bénéfique entre les systèmes à l’intérieur et à l’extérieur de nous.

Le processus de design en permaculture est un processus graduel pour trouver des solutions pour le présent ainsi que pour l’avenir.